Le langage au service du management : stop aux injonctions

Dans le monde du management, la communication est essentielle. La façon dont nous nous adressons à nos équipes a un impact considérable sur leur motivation, leur bien-être et la performance globale. Les neurosciences, la discipline qui étudie le cerveau et son fonctionnement, ont révélé des aspects fascinants de cette dynamique, en particulier en ce qui concerne l'utilisation d’injonctions dans son langage (les "il faut", "je dois" …). Découvrez avec des exemples concrets comment mieux communiquer pour susciter de l’engagement et une dynamique positive.

Vers un environnement de travail plus sain

Langage injonctif. Communication positive. Motivation
La communication des managers en détail

Injonctions, stress et performance

Considérons une situation courante où un manager dit à son équipe : « Nous devons atteindre cet objectif d’ici la fin du mois ». Cette phrase crée une pression psychologique qui peut générer du stress. Les neurosciences ont démontré que le stress chronique peut avoir un impact négatif sur la santé mentale et cognitive, ce qui peut à son tour affecter la performance de l’équipe.

En reformulant cette phrase, le manager aidera à atténuer ce stress. Par exemple, en disant : « Notre objectif est de faire en sorte d’atteindre ce jalon d’ici la fin du mois », la pression de l’impératif est atténuée. Cela donne de la souplesse et met l’accent sur l’effort, ce qui va réduire le stress associé à l’obligation de réussir à tout prix.

Langage injonctif et motivation

Lorsqu’un manager dit : « Vous devez terminer ce rapport avant vendredi », cela peut être perçu comme une obligation imposée, ce qui risque de diminuer la motivation intrinsèque. Les neurosciences montrent que la motivation peut être influencée par la façon dont nous formulons nos objectifs et nos attentes. Lorsque les tâches sont perçues comme des obligations, cela peut diminuer notre motivation intrinsèque à les accomplir.

Un manager contournera ce problème en reformulant sa demande. Par exemple : « Je vous propose de finir ce rapport avant vendredi, afin que nous puissions le présenter lors de la réunion » donne un sens à la tâche, ce qui augmentera la motivation des membres de l’équipe.

Récompenses et punitions

Les injonctions sont souvent liées à une logique de récompenses et de punitions. Prenons l’exemple d’un manager qui dit : « Si nous n’atteignons pas nos objectifs de vente ce trimestre, il y aura des conséquences ». Cette déclaration générera de la peur et encouragera un comportement d’évitement, ce qui risque d’être contre-productif pour la performance de l’équipe.

Les neurosciences ont montré que le cerveau réagit fortement aux récompenses et aux punitions. Cependant, un focus excessif sur la récompense peut générer de l’anxiété de performance, tandis que la crainte de la punition peut engendrer de l’évitement.

En reformulant la situation de manière positive, le manager aidera à éviter ces problèmes. Une déclaration comme : « Atteindre nos objectifs de vente ce trimestre nous permettra d’investir dans de nouveaux outils qui faciliteront notre travail », met l’accent sur une récompense positive sans induire de crainte de punition. Cela encourage une perspective d’opportunité plutôt qu’une menace, ce qui améliorera la motivation et la performance de l’équipe.

L’importance de l’autocompassion

Après une erreur, un manager pourrait être tenté de dire : « Nous ne devrions pas faire ce genre d’erreurs ». Cette déclaration risque d’induire un sentiment de culpabilité ou de honte au sein de l’équipe. Les neurosciences soulignent l’importance de l’autocompassion, suggérant que l’empathie et l’autocompassion aideront à réduire le stress et l’anxiété, tout en améliorant le bien-être et la résilience.

L’antidote serait donc de faire preuve d’autocompassion et d’empathie. En disant, par exemple : « Nous avons commis une erreur, mais c’est une occasion pour nous d’apprendre et de nous améliorer », le manager crée un environnement sûr pour l’erreur, encourage l’apprentissage et favorise une culture d’amélioration continue.

Vers un nouveau langage moins injonctif en management

Les neurosciences nous offrent un aperçu précieux de l’impact négatif du langage injonctif au niveau du stress, de la motivation et finalement de la performance. En tant que managers, il est très utile d’utiliser ces connaissances pour améliorer notre communication, encourager une meilleure performance et créer un environnement de travail plus positif et moins stressant.

Au lieu d’utiliser un langage qui peut sembler dur ou imposant, les managers gagneront beaucoup à essayer d’adopter un ton plus doux, plus positif et plus constructif. Cela ne signifie pas d’éviter la réalité ou de minimiser les défis, mais avant tout de reformuler les objectifs et les attentes de manière à encourager l’effort, l’apprentissage et le développement. En fin de compte, un bon management ne concerne pas seulement la réalisation des objectifs, mais aussi la création d’un environnement de travail qui favorise le bien-être et l’épanouissement des employés. En intégrant les connaissances des neurosciences dans notre approche du management, nous contribuons à créer un environnement de travail plus sain, plus productif et plus positif pour tous.


Voici un exercice d’auto-coaching en quatre étapes pour vous aider à utiliser un langage moins injonctif et à améliorer votre communication.

Étape 1 : Auto-observation

Commencez par observer votre langage pendant une semaine. Notez chaque fois que vous utilisez des phrases avec « il faut » ou « je dois » dans vos interactions avec votre équipe ou avec vous-même. Essayez d’être aussi précis que possible sur le contexte, l’émotion associée et la réaction de votre équipe.

Étape 2 : Auto-analyse

Après une semaine d’observation, reprenez vos notes. Pouvez-vous identifier des schémas ou des situations où vous utilisez plus souvent le langage injonctif ? Quelles sont les émotions associées ? Comment votre équipe a-t-elle réagi ? Cette analyse vous aidera à mieux comprendre vos habitudes de communication.

Étape 3 : Reformulation

À partir de votre analyse, choisissez deux ou trois phrases que vous utilisez fréquemment et reformulez-les en utilisant un langage moins injonctif et plus empathique. Par exemple, au lieu de dire « il faut terminer ce projet aujourd’hui », vous pourriez dire « nous visons à terminer ce projet aujourd’hui ». Entraînez-vous à dire ces nouvelles phrases.

Étape 4 : Implémentation et évaluation

Commencez à utiliser ces nouvelles phrases dans vos interactions avec votre équipe. Observez comment vos collaborateurs réagissent et comment vous vous sentez. Évaluez l’efficacité de cette nouvelle approche après une autre semaine.Cet exercice demande du temps et de la pratique, mais avec de la patience et de la persévérance, vous pouvez commencer à modifier vos habitudes de communication et à créer un environnement de travail plus positif et motivant pour votre équipe.