Ces trois dernières années, après le passage du COVID, les changements se sont brusquement accélérés dans les entreprises. Les salariés ont des attentes vis-à-vis du travail qui ont complètement évolué, l’IA et le digital impactent les entreprises à une vitesse vertigineuse, les transitions environnementales et écologiques sont au cœur de toutes les conversations.
Et bien évidemment les organisations ont toujours besoin d’être dans la performance et la satisfaction de leurs clients pour les fidéliser !
Sachant également que recruter et conserver les meilleurs talents est devenu très compliqué, nous sommes proches de la quadrature du cercle !
Pour les jeunes générations (et pas seulement pour eux d’ailleurs), il y a une importance croissante de l’environnement et du développement durable. Hors de question de rejoindre une entreprise qui ne partagerait pas ces valeurs éthiques ! A méditer quand on sait que la moitié de la population mondiale est âgée de 30 ans ou moins, et que ce chiffre devrait atteindre 57% d’ici à la fin de 2030 !
Les entreprises ont un rôle crucial à jouer dans la promotion de pratiques durables à tous les niveaux de leur organisation. Pour attirer les candidats mais aussi pour séduire et rassurer leurs clients. Ce contexte multimodal renforce la complexité et les contradictions dans l’organisation. Les managers se retrouvent au cœur de cette complexité car ils doivent la gérer au quotidien et satisfaire des enjeux qui peuvent sembler a priori antagonistes.
Les green skills – on parle aussi de compétences vertes – en management font référence aux compétences spécifiques nécessaires pour intégrer des pratiques durables et respectueuses de l’environnement dans la gestion quotidienne des organisations.
Ces compétences sont cruciales pour les managers qui cherchent à aligner les actions de leur entreprise avec des principes de durabilité, à réduire l’impact environnemental et à contribuer positivement aux objectifs de développement durable. Par extension, on peut parler de valeurs éthiques dans toutes les pratiques managériales. De fait, comment parler de valeurs écologiques sans prendre si en compte « l’écologie personnelle » des collaborateurs ?
Les green skills en management peuvent être regroupées autour de plusieurs domaines clés, tels que la gestion de l’énergie, l’écoconception, la gestion des déchets, la compréhension des réglementations environnementales et la capacité à intégrer la durabilité dans la stratégie globale de l’entreprise.
Les compétences vertes ne sont pas seulement « techniques », elles impliquent également une connaissance et un partage avec les équipes autour des enjeux environnementaux. Cela signifie partager une vision, donner du sens aux collaborateurs afin que tous se sentent sensibilisés par le sujet éthique et social.
Les managers doivent développer leur aptitude à mobiliser et à inspirer les équipes vers des objectifs durables. Les green skills en management sont essentielles pour créer des entreprises « attirantes », responsables et orientées vers un avenir plus durable. C’est ainsi que ces entreprises peuvent attirer des candidats de plus en plus sensibles par rapport aux thématiques écologiques. On ne parle pas de « greenwashing » mais d’un véritable positionnement communiqué mais surtout « incarné ».
Par extension, le manager doit pratiquer une communication responsable ; c’est-à-dire qu’il doit être dans la transparence et la communication authentique sur les actions de l’entreprise, les difficultés rencontrées. En agissant ainsi, il va contribuer à renforcer sa crédibilité et sa réputation. Bien évidemment, il faut agir en intelligence situationnelle car tout dire sans filtre à l’instant « T » est souvent irréaliste et parfois anxiogène pour les équipes.
Le manager doit être également dans l’anticipation par rapports aux nombreux défis que lui et son équipe rencontrent et il est attendu là aussi pour être dans une posture de durabilité. En effet, le manager doit songer plus au moyen et au long terme qu’aux résultats à court terme. Pas toujours évident quand il vit une pression sur les résultats qui peut l’amener à focaliser sur le court-terme. Il doit arbitrer le plus sereinement possible entre les injonctions paradoxales qu’il rencontre régulièrement.
Il doit gérer au mieux toutes les ressources à sa disposition et penser prioritairement aux collaborateurs de son équipe et à leur écosystème afin de développer son care management ; c’est-à-dire réussir à prendre soin de son équipe.
Le manager doit enfin développer sa pensée systémique. En fait, cela consiste à accentuer sa vision holistique des interactions entre l’écologie et les activités humaines et être capable de mettre en œuvre des solutions globales efficaces et réalistes.
Les managers peuvent intégrer les compétences vertes dans leur quotidien en pensant à l’impact de chacun de leurs comportements, de leurs prises de décision.
Quelques exemples simples : faut-il imprimer des documents ou les envoyer par mail ? Faut-il proposer telle ou telle solution à notre client selon sa durabilité ? Qui mettre sur cette mission pour que ce soit la meilleure solution pour le client tout en étant le plus écologique possible ? Quelle est l’empreinte carbone de cette action ?
Selon les contextes, la réponse n’est pas si évidente… nous pouvons faire face à de faux amis. C’est pourquoi il est essentiel de se former pour savoir répondre à ces questions en toute connaissance de cause. L’enjeu est aussi de dialoguer avec les équipes pour réfléchir et progresser ensemble et adopter ainsi, au fil de l’eau, de bonnes pratiques partagées qui peuvent donner du sens et motiver chaque collaborateur.
Dernièrement, dans l’équipe des consultants Inspirés, une personne a décliné un projet car l’emplacement de la formation ne lui permettait pas de prendre les transports en commun. Même si sur le coup cela a été contrariant, c’est quelque chose qu’il va falloir intégrer de plus en plus dans nos décisions…
Interface, Inc. : Interface, une entreprise de revêtements de sol, est renommée pour son engagement envers la durabilité. Ils ont intégré des green skills au niveau du management en encourageant la sensibilisation et la compréhension des enjeux environnementaux, et en impliquant activement les cadres dans la prise de décisions durables.
Danone : Danone a mis en place des programmes de formation pour ses cadres afin de les sensibiliser aux enjeux de durabilité et de les doter des compétences nécessaires pour intégrer ces préoccupations dans la gestion quotidienne de l’entreprise.
Unilever : Unilever, en plus de ses initiatives de durabilité opérationnelle, a travaillé sur le développement de compétences en gestion durable par le biais de formations spécifiques pour ses cadres. Ils ont intégré des principes de durabilité dans leur programme de leadership et dans leur façon de prendre des décisions.
Le lien entre les Green skills et la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) est évident car les deux approches ont le même objectif de promouvoir des pratiques durables et socialement responsables. La RSE englobe l’engagement volontaire des entreprises à intégrer des préoccupations sociales et environnementales dans leurs activités quotidiennes, au-delà des exigences légales.
Les green skills constituent un élément essentiel de la RSE en ce sens qu’elles représentent les compétences spécifiques nécessaires pour mettre en œuvre et gérer les initiatives durables au sein d’une organisation.
Les green skills sont de plus en plus valorisées dans le monde professionnel, car elles permettent aux individus et aux organisations de contribuer positivement à la protection de l’environnement tout en restant compétitives sur le marché. Ces compétences sont essentielles dans un contexte où la durabilité et la responsabilité sociale des entreprises deviennent des priorités de plus en plus importantes.
Cela induit des résultats positifs en termes de performance, d’engagement des employés et de responsabilité sociale et d’image envoyée au client. Bien évidemment, le manager va avoir du mal à être dans les Green skills si sa direction n’a pas mis en place une véritable stratégie éthique avec une déclinaison opérationnelle dans tous les services de l’entreprise. En effet, il est important de noter que l’intégration réussie des green skills dépend souvent d’une approche globale et d’un engagement continu de la part de l’entreprise. On a parlé à une époque de « greenwashing », les greens skills pourraient être une façade affichée pour attirer malhonnêtement des candidats aux valeurs écologiques.
Si c’est le cas, attention au retour de bâton via les réseaux sociaux !
Marie-Paule Le Gall