Cultiver la confiance est devenu une priorité absolue dans les organisations avec l’avènement du mode de travail distanciel.
Face à un environnement très complexe et rempli d’incertitudes, où de nombreuses personnes se sentent isolées en télétravail, chacun a besoin de se sentir en sécurité dans son travail. Les relations avec son manager direct, ses collègues, d’autres services doivent être empreintes de transparence, de confiance. En effet, quand on ne peut rien prévoir, l’agilité est une compétence clé à avoir en soi. Et cette agilité ne s’acquiert que sur un terrain de confiance collective.
Est-ce un vœu pieux ? Nous sommes au contraire convaincus qu’instaurer de la confiance collective au sein de ses équipes devient possible grâce à 3 dimensions concrètes.
Le premier point essentiel est déjà de partager un but commun, une vision collective de la mission du service, de son équipe. A quoi chacun contribue-t-il ? Quelle utilité a-t-il au sein de l’équipe pour atteindre les objectifs ? Ce sentiment de participer à quelque chose est le ciment du processus de la confiance.
Pour travailler en collectif et se sentir serein, il est aussi nécessaire de construire ensemble des règles de fonctionnement de l’équipe. Comment s’organiser entre nous, avec quels processus ? Comment communiquer ? Quels sont les droits et les devoirs de chacun, qu’il soit collaborateur ou manager ? Bien évidemment, il ne s’agit pas seulement de définir les règles, d’en faire une « charte », mais bien de les appliquer, de les faire vivre et de les faire respecter. L’équipe, en intelligence de situation, doit avoir la possibilité de les adapter en fonction du contexte du moment. Est-ce que le télétravail est la norme ? Est-ce que ce sont les modalités hybrides (à la fois à distance et sur site) ? En fonction de ces données, les règles du jeu de l’équipe vont évoluer de façon concertée et permettre de garder le cap et la confiance.
La confiance c’est aussi être capable de se dire des choses simples ou difficiles mais toujours dans le respect de la personne, de façon assertive.
Cela ne peut se faire que si les valeurs et les principes de communication sont parfaitement partagés et intégrés.
Selon Patrick Lencioni, les équipes les plus efficaces sont celles qui ont comme fondation la confiance. Pour lui c’est le socle. A partir de là la confiance se renforce en osant se dire les choses en évitant les affrontements de personnes et en favorisant les confrontations de points de vue. La confrontation d’idées permet l’engagement des personnes, leur motivation à mettre en œuvre les décisions prises. Cela favorise la coresponsabilité des membres de l’équipe quand la décision est prise. Et en résultante des étapes précédentes, chacun porte alors une attention toute particulière aux résultats de l’organisation.
En reflet de cette logique positive, les équipes qui dysfonctionnent développent quant à elles une spirale inverse :
La mise en place de cette spirale positive s’appuie donc sur la confiance, qui passe par un équilibre de protections et de permissions pour que chacun ose dire les choses, s’exprime, partage. Et aussi pour que chacun sache accueillir les remarques en les prenant comme une occasion de progresser plutôt que comme des critiques et des remises en question.
Les mots utilisés sont essentiels pour y arriver, la forme de la communication encore plus. Comme le dit Boris Cyrulnik, le confort émotionnel (qui induit la confiance) vient de la qualité de la parole.
Ces règles de communication partagées et incarnées sont d’autant plus importantes à distance car l’informel quotidien est de fait moins présent pour « rattraper » des maladresses de communication, des mauvaises interprétations, des incompréhensions.
« Nous nous savons vulnérables mais nous n’avons pas peur ».
Cette maxime qui est une définition de la confiance devient une vérité si nous savons qu’au sein de l’équipe les talents des différents membres vont nous permettre de nous sortir de situations difficiles rencontrées. Quel confort, quelle sérénité de savoir qu’on peut s’appuyer sur les compétences des autres membres de l’équipe.
Cela passe par une très bonne connaissance des Savoir/Savoir-faire et Savoir-être de chacun.
A distance, cela induit que le manager favorise les échanges entre membres de l’équipe. Quelles sont les contraintes de chacun ? ses forces ? ses failles ? Qu’est-ce qu’il peut apporter à l’atteinte du but commun mais aussi à chacun de ses collègues ? Il est essentiel de faire en sorte que les collaborateurs se connaissent au-delà du superficiel, qu’ils connaissent en détail les rôles et missions de chacun qu’ils identifient les talents, qu’ils travaillent ensemble sur des projets, qu’ils apprennent à se connaitre vraiment, qu’ils s’apprécient à la fois en tant que professionnels qu’en tant que personnes. Cela favorisera finalement l’entraide et la montée en compétences des membres de l’équipe.
Cette « progression » des uns et des autres et cette complémentarité assumée et bien vécue, cette logique d’entraide sont contributives à l’établissement de la confiance.
A distance, alors que l’individualisme risque de se développer, c’est un gain indéniable d’autant plus que la confiance a un lien évident avec la performance de toute organisation. 😊
Marie-Paule Le Gall