Vous l’avez surement constaté, parfois nous allons avoir tendance à prendre en compte plus facilement un avis négatif par rapport aux centaines d’avis positifs que nous lisons. Prenons le cas classique du choix d’un restaurant, vous allez retenir la critique d’une seule personne sur le côté bruyant de la salle, alors que bien d’autres commentaires n’ont rien dit sur la question. En entreprise, il est fréquent de retrouver le même phénomène. Notre cerveau va mémoriser ou réagir plus fortement à une critique même légère insérée dans un entretien ou une réunion plutôt qu’à tous les autres éléments partagés.
Il est prouvé scientifiquement que notre cerveau réagit plus fortement à un événement vécu comme négatif qu’à un événement ressenti de façon positive de même intensité. Ce phénomène est l’un des biais de comportements qui nous envahissent : c’est le biais de négativité.
Son origine peut sembler cocasse : le biais de négativité vient en effet d’une très ancestrale stratégie de survie, à l’époque où tout bruit suspect pouvait annoncer l’approche d’un animal sauvage, l’arrivée d’une tempête ou l’éboulement de roches, ce qui signifiait pour nos ancêtres un danger mortel. A cette époque, chaque signe « négatif » indiquait qu’il valait mieux être trop prudent que pas assez.
Aujourd’hui encore, dans la lignée de cette vigilance ancestrale, lorsque vous faites par exemple une présentation vous allez plus intensément prendre en considération la remarque sur le choix d’une couleur plutôt que le compliment sur les visuels proposés. Et lorsque qu’il s’agit interrelations, un mot maladroit peut résonner plus fort qu’un lot entier de messages de reconnaissance.
Le manager est en première ligne pour désamorcer ce fonctionnement inconscient qui pèse dans les relations professionnelles.
Dans une équipe, le biais de négativité va être à l’œuvre à de nombreuses occasions :
Pour le manager, cela peut créer des situations de tension ou d’incompréhension au sein de son équipe. Les conséquences du biais de négativité ne sont pas à prendre à la légère, à l’heure où l’engagement et la motivation sont plus que jamais source de performance.
Le biais de négativité a des impacts à plusieurs niveaux pour les managers :
Tout manager le sait, la qualité de la relation qu’il entretient avec ses équipes est la clé pour engager, motiver et performer. Le manager doit savoir gérer le contenu de son message et l’impact émotionnel qu’il génère.
Voilà 4 conseils à destination des managers pour prendre en compte les biais de négativité dans les réactions de ses collaborateurs :
Les chercheurs parlent d’un ratio de 3 à 5 messages positifs pour contrebalancer 1 message négatif. Ce n’est pas du « happy management » : c’est un équilibre managérial à intégrer dans ses pratiques. Chez Inspirations Management, nous proposons des formations avec des méthodes efficaces pour faire des feedbacks. Nous allons même plus moins en proposant des feedforwards qui permettent, plutôt que de faire un feedback essentiellement en mode « rétroviseur », de se concentrer sur le futur et ce qu’on peut mettre en place pour que les situations s’améliorent. Lire notre article sur les feedforwards
La reconnaissance est un sujet vaste, qui est loin de se résume pas à une question financière. Un mail, une phrase dite en passant… Chaque signe de reconnaissance apporte du positif et participe à contrebalancer les effets des biais négatifs. Alors, sans en faire trop, les managers ont tout intérêt à ne pas laisser l’implicite s’installer et agir pour engager leurs collaborateurs.
Lire notre article sur la reconnaissance au travail
Les managers font face dans leur quotidien à des situations difficiles, des conflits, la gestion de de personnalités difficiles, des entretiens de recadrage, etc. Les biais de négativité sont au cœur des enjeux de ces situations. C’est en prenant du recul, en se fondant sur les faits, en préparant soigneusement leurs entretiens que les managers vont pouvoir dire les choses avec assertivité.
Le biais de négativité peut se désamorcer si l’on permet aux collaborateurs de mettre des mots sur leurs ressentis. En proposant des temps d’échanges centrés sur l’écoute de leurs collaborateurs, les managers vont permettre à leurs collaborateurs de s’exprimer et de confronter leurs idées. Développer la confrontation dans les organisations va développer la confiance en soi et la confiance dans l’équipe et éviter les effets néfastes des biais de négativité.
En résumé, dans un monde qui est complexe et incertain, le biais de négativité bien qu’invisible n’est est pas moins présent. Le rôle du manager est d’en comprendre la mécanique pour ajuster sa posture, ses messages, son attention. Parce qu’un simple mot peut parfois faire de grands dégâts.