Chaque année, Octobre Rose rappelle l’importance de la prévention et du soutien face au cancer du sein. En entreprise, les situations varient : certain(e)s continuent de travailler tout en suivant des traitements, tandis que d’autres doivent s’absenter temporairement. Quel que soit le cas, il est essentiel de savoir comment accompagner au mieux, sans ajouter de pression inutile. Nous vous proposons des conseils concrets pour créer un environnement bienveillant et adapté, ainsi que des exemples de phrases à éviter pour ne pas blesser.
Il est important de penser également aux collègues qui, même s’ils ne sont pas directement touchés par la maladie, soutiennent un conjoint, un parent ou un enfant atteint de cancer. Ces situations peuvent être évidemment éprouvantes sur le plan émotionnel et mental, et peuvent impacter leur quotidien au travail. Là aussi, des adaptations peuvent être mises en place pour soutenir au mieux dans ces situations délicates.
Une des premières règles à mettre en place quand on veut soutenir un(e) collègue ou un(e) collaborateur(trice) confronté à la maladie est de créer un environnement de travail qui favorisera l’écoute et le respect.
– Penser au respect de la confidentialité : Faites le point avec votre collaborateur ou votre collègue, dans quelle mesure souhaite-t-il qu’on communique sur la maladie ? Préfère-t-il la discrétion ou une communication plus claire pour éviter les discussions ? L’important est que la maladie soit évoquée seulement si vous avez l’accord de la personne malade ou concernée.
– Offrir un soutien équilibré : Trouver le juste milieu entre être présent et respecter l’espace personnel est fondamental. Proposez une écoute attentive et montrez-vous disponible, sans imposer la discussion. Chaque personne gère la maladie à sa manière, et il est important de respecter ce choix.
– Adapter les tâches et les horaires : Flexibilité et agilité doivent être les maîtres-mots. Ajustez les horaires, proposez des modalités de travail hybride, ou modifiez les responsabilités de façon temporaire. Par exemple, permettre à la personne d’assister aux réunions uniquement pour les sujets où elle peut apporter sa valeur ajoutée, et mettre en place des canaux de communication pour gérer ses contraintes de santé.
Je me souviens d’une amie, atteinte d’un cancer, dont les effets secondaires des médicaments empêchaient de faire le moindre geste de la vie quotidienne. Elle discutait avec une voisine qui sans réfléchir et sans mauvaise intention lui a demandé « Mais qu’est-ce que tu fais de tes journées alors ? ». Et c’était justement le drame qu’elle traversait à ce moment de sa vie, elle était incapable de faire quoi que ce soit et en souffrait terriblement. Il est important de bien prendre conscience que malgré les bonnes intentions, certaines phrases peuvent blesser.
Voici quelques exemples de discours qu’il vaut mieux éviter.
– « Tu es tellement courageux(se) ! » : Cette phrase, souvent bien intentionnée, peut mettre une pression involontaire sur la personne malade, en lui faisant sentir qu’elle doit rester forte à tout prix. Elle est vécue comme une injonction qui empêche de se donner le droit de « flancher » parfois.
Antidote : « Je suis impressionné(e) par la façon dont tu traverses cette période difficile. Sache que tu peux compter sur moi si tu as besoin de soutien, que ce soit pour le travail ou autre chose. » Cette phrase reconnaît les efforts sans imposer l’idée d’une force constante. Elle laisse également de la place pour offrir de l’aide concrète, sans forcer.
– « Si tu as besoin de quoi que ce soit, dis-le-moi. » : Bien que généreuse, cette proposition peut induire la responsabilité à la personne malade de demander de l’aide. Il est préférable de proposer des actions concrètes. Proposer de remplacer la personne pour rendre le Projet Durand ou de faire le devis urgent pour Dupont…
Antidote : « J’ai pensé que je pourrais m’occuper de [tâche spécifique] cette semaine, pour te soulager. Est-ce que cela te conviendrait ? » Plutôt que de laisser la personne prendre l’initiative de demander, cette phrase propose une action précise et permet d’adapter le soutien selon les besoins de la personne.
– « Tout va bien se passer. Ça va aller. Le moral, c’est 90% de guérison » : Cela minimise souvent les peurs et les incertitudes que traverse la personne. Chaque traitement est différent, et la personne malade pourrait vivre une multitude d’émotions et « culpabiliser » de ne pas avoir le moral tout le temps !
Antidote : « J’imagine que cela doit être difficile, et je comprends que tu puisses avoir des hauts et des bas. Je suis là pour écouter, que ce soit pour parler ou pour te laisser de l’espace quand tu en as besoin. » Cette alternative reconnaît la complexité des émotions vécues par la personne malade, sans minimiser ses difficultés ni donner de faux espoirs.
L’environnement professionnel donne de plus en plus de place aux émotions. On parle ainsi de « Care Management ». L’émotion la plus fréquente chez les managers ou chez les collaborateurs est la peur mais elle est aussi la moins avouée dans le contexte professionnel. Il est donc totalement envisageable de créer des rituels ou des moments pour favoriser le soutien à un collègue ou à un collaborateur malade afin qu’il se sente plus sécurisé dans l’équipe.
– Proposer un soutien sans forcer : proposer d’être là pour assister, brainstormer, finaliser une tâche en prenant conscience que la personne en face est plus fatiguée que d’habitude et n’a pas besoin d’en parler pour autant. L’important est que l’aide soit tangible et alignée sur ses besoins.
– Encourager un soutien collectif dans l’équipe : mettre en place une organisation de travail qui permet à une personne malade de ne pas sentir qu’elle porte seule le poids de sa situation. Mettre en place du collaboratif est un moyen de créer un relais de soutien qui va offrir une flexibilité sur des tâches ou des horaires tout en maintenant la performance du projet.
– Rester présent sur la longueur : la vie en entreprise propose souvent un rythme soutenu voire pressurant, il est facile d’oublier le contexte de chacun et de ne plus avoir assez de considération pour ce que vit un malade, surtout lorsqu’il revient après une période de congés maladie. Soyons en alerte, la réalité d’un malade même après la maladie ne doit pas être minimisée.
Il est important de ne pas oublier les collègues qui, même s’ils ne sont pas directement touchés par la maladie, soutiennent un proche atteint de cancer. Ces situations peuvent aussi être éprouvantes sur le plan émotionnel et mental, tout en impactant leur quotidien au travail. Et les solutions sont finalement proches de celles évoquées ci-dessus pour les personnes malades de l’équipe.
Soutenir un(e) collaborateur(trice) atteint(e) de cancer requiert un subtil équilibre entre l’écoute, la bienveillance et le respect de la vie privée. Il s’agit de créer des espaces où chacun peut exprimer ses besoins sans crainte, et où le soutien est apporté de manière concrète et respectueuse. L’opération Octobre Rose est une belle opportunité pour rappeler l’importance de ces pratiques, et inciter chacun à se montrer solidaire au quotidien.