Il parait étonnant de devoir rappeler une évidence : la réussite d’une équipe est basée sur de multiples critères, mais s’appuie en premier lieu sur les individus. Une équipe est d’abord faite de talents, qui vont interagir ensemble pour réussir la mission commune.
La capacité de chaque individu à apporter ses compétences (savoir et savoir-faire) et à mettre son énergie au service du projet (savoir-être) est essentielle. Cela ne peut pas être remplacé par un process, aussi efficace soit-il. Pour le dire autrement, le taylorisme a montré ses limites ; des individus engagés dans un système imparfait obtiendront toujours de meilleurs résultats que des individus démotivés qui appliquent un process efficace (bien-sûr c’est encore mieux d’avoir les deux !). C’est encore plus vrai dans la période actuelle d’incertitude qui nécessite de l’adaptation et donc la mobilisation de tous (lire notre article : Comment manager dans un monde chaotique & BANI ?)
Si on est d’accord sur ce postulat, alors il en découle que le rôle essentiel d’un manager est d’utiliser toutes les compétences de son équipe et de susciter toute sa motivation. La mise en avant du CARE vient rappeler que ces deux concepts (compétence et motivation) restent au centre des pratiques managériales. Le management situationnel a encore de beaux jours devant lui !
La première idée associée au CARE est évidemment pour un manager de prendre soin de son équipe. Nous y reviendrons dans le paragraphe suivant. Mais il nous semble utile de rappeler aux managers l’importance pour réussir leur mission de penser aussi à prendre soin de soi. Un manager doit évidemment prévenir les RPS pour ses collaborateurs et être attentif à en détecter les signes avant-coureurs ; il doit aussi être attentif à soi et à son état, à ne pas trop subir ou se mettre la pression, à ne pas se laisser happer par la charge de travail ou par le stress.
D’abord parce que c’est dangereux pour lui autant que ça l’est pour ses équipes. Et aussi parce que cela peut engendrer des comportements toxiques vis-à-vis de ses collaborateurs ou collègues. Quelqu’un de stressé ou de fatigué peut par exemple avoir une communication plus cassante qui sera perçue de façon négative par son interlocuteur ; ce qui pourra engendrer du désengagement ou du stress chez la personne.
Les recettes valables pour tous s’appliquent donc aussi au manager : se ménager des plages de décompression, savoir couper avec le travail, demander de l’aide si la charge est trop lourde, oser dire non, ne pas travailler le soir et le week-end ou alors seulement de façon exceptionnelle … et aussi manger sainement, ne pas faire d’excès, dormir suffisamment, faire de l’exercice, passer des moments agréables, identifier ce qui permet de se ressourcer et de décompresser et le mettre en œuvre.
Prendre une fonction de manager c’est prendre la responsabilité d’une mission à accomplir, de résultats à atteindre et c’est en même temps prendre la responsabilité de fédérer des individus autour des objectifs communs.
Et cela a évidemment été de tout temps complexe du fait de la disparité au sein de chaque équipe des compétences, des personnalités, des histoires, des expériences, des aspirations, des affinités, des préférences … De nombreux livres et articles ont été écrits sur le management, et tous insistent sur la prépondérance de l’humain dans la réussite managériale. Si j’ai un manager qui s’intéresse à moi, qui est disponible quand j’ai besoin de lui et qui me parle de façon bienveillante, je me sentirai mieux et je m’engagerai plus dans la mission que si j’ai un manager qui ne me manifeste aucune marque d’intérêt, qui n’est jamais disponible et qui me parle mal. Cela parait presque être une lapalissade !
Mais il est bien de le rappeler car même avec la meilleure volonté, la pression des résultats et les contraintes de temps ne permettent jamais de le faire aussi bien qu’on le voudrait. Tant qu’on ne réserve pas de temps dans son agenda pour cela et qu’on n’en fait pas une priorité, cela risque de rester un vœu pieux.
Prendre soin de ses collaborateurs c’est donc veiller à ses relations avec eux, c’est réserver du temps qualitatif où on est vraiment disponible pour eux, et c’est leur parler de façon positive, constructive et bienveillante, ce qui simplement veux dire leur vouloir du bien quand on leur dit quelque chose. On parle d’intention en zone verte (contrairement à une intention en zone rouge). Prendre soin c’est aussi être attentif à chacun et au collectif, les aider, les protéger, les écouter et adapter l’organisation et le fonctionnement pour prendre en compte les besoins et contraintes de chacun, et en s’appuyant sur les idées de l’équipe.
Prendre soin, c’est aussi s’intéresser aux sources de motivation de chacun de ses collaborateurs et s’y adapter pour créer un environnement de travail stimulant et épanouissant pour tous.
Enfin, prendre soin c’est également être clair sur ce qui est possible et sur ce qui ne l’est pas, car cela évite de laisser des attentes en suspens et de générer de la frustration.
La grande majorité d’entre nous sommes sensibles à notre écosystème, que ce soit au niveau social ou environnemental. Les politiques RSE mises en place dans les entreprises sont un reflet de cette aspiration collective à prendre soin des individus ainsi que de la terre qui est notre bien commun.
Les études montrent que cela constitue aussi aujourd’hui un critère de choix de son employeur et en premier lieu pour les jeunes générations ; nous souhaitons travailler pour une entreprise vertueuse, qui prend soin à la fois des personnes et de la planète.
Dans ce droit fil les managers ont tout à gagner à développer cette dimension de care management dans leur quotidien (lire notre article sur les green skills à développer) ; et à réfléchir avec leur équipe à la façon d’ajouter le CARE dans leurs projets, en complément de leur mission et de leurs objectifs opérationnels. Comment allons nous concilier la réalisation de nos livrables avec une dimension de soin de notre environnement ?
Cela peut se faire en étant attentif aux façons de faire de ses fournisseurs et même de ses clients et en choisissant avec qui travailler sur la base de critères vertueux. Cela se fait bien-sûr aussi en revisitant les façons de faire de l’équipe ou de l’entreprise ; en étant attentif au niveau social à la façon de traiter les personnes ; et au niveau environnemental à l’empreinte écologique de ses actions.
Cela peut aussi donner lieu à un projet collectif, choisit en équipe, qui dépasse la mission de l’entreprise et qui aura un impact positif sur la planète : par exemple se former ensemble, participer à un projet écologique, témoigner, agir pour une association … les idées inspirantes sont nombreuses qui rendront fiers les membres de l’équipe et feront du bien dans son environnement.
Le sujet du CARE management est un formidable angle de vue managérial pour créer un environnement vertueux dans les entreprises où chacun pourra se sentir épanoui, ce qui aura un impact positif sur l’engagement individuel et sur la performance collective.