Face à l’anticipation, les managers se divisent souvent en deux catégories : ceux qui sont convaincus de ses bénéfices, et ceux qui, confrontés aux contraintes de leur quotidien, estiment que l’anticipation reste une théorie éloignée de la pratique.
Dans un monde devenu BANI c’est-à-dire une fois traduit : Fragile, Anxieux, Non linéaire et Incompréhensible, il est de plus en plus complexe pour un manager d’anticiper. Il n’y a pas un article en management ou une formation qui ne parle du principe d’agilité pour réussir à s’adapter en permanence aux événements qui nous entourent.
Dans un tel contexte, de nombreux managers n’essayent même plus d’anticiper, usés par des plans qui ne se déroulent pas comme ils le souhaitaient ou parce que leur direction effectue des 180 degrés fréquents. « À quoi sert d’anticiper puisque tout change en permanence ! ».
Une métaphore managériale illustre bien l’idée que l’anticipation n’est pas du tout ou rien : celle de la boussole et du GPS.
De nombreux managers et collaborateurs souhaitent, dans un monde idéal, posséder et suivre les indications d’un GPS ultra précis qui va les guider leur année entière. Ils aimeraient pouvoir fonder leurs décisions et leurs actions sur des données prévisibles et fiables. Ce rêve est le plus souvent inaccessible. Et pourtant il faut continuer à agir, à produire, à manager. Que faire quand les données sont floues ?
A défaut d’un GPS de haute technologie, le manager peut tout de même avoir une boussole qui lui donne le cap.Certes, ce n’est pas aussi satisfaisant que le fameux GPS mais cela permet de donner du sens aux actions demandées, de fixer une direction pour ses collaborateurs. Et même s’il y a des impondérables sur le chemin, voire quelques « sorties de route », le manager et l’équipe gardent cependant le cap.
Visionner la métaphore de la boussole et du GPS en vidéo
Il s’agit finalement pour le manager de réussir à naviguer entre prise de hauteur, vision long terme et anticipation et capacité à rentrer rapidement dans l’opérationnel pour gérer le quotidien, les urgences et les crises.
Je trouve que l’image de l’hélicoptère illustre bien cette posture managériale adaptable attendue des managers. En effet, l’hélicoptère est le seul véhicule volant qui peut faire du « rase mottes » c’est-à-dire être au plus proche des contextes, des environnements et des collaborateurs pour proposer des idées et des actions très concrètes, pragmatiques pour pouvoir aider les équipes dans leur quotidien. Et l’hélicoptère a aussi cette capacité, une fois les urgences passées, de pouvoir remonter rapidement dans le ciel pour avoir une vision d’ensemble et voir plus loin…
La capacité du manager à pouvoir alterner ses postures entre opérationnel et vision est une réponse clé pour s’adapter aux problématiques actuelles. Cela correspond à l’agilité dont on parle tant.
Chacun a ses croyances sur le sujet de l’anticipation en management. Pour rappel, une croyance est sa propre visiondu monde, son point de vue tout en pensant que c’est une vérité universelle. On confond alors son opinion avec une donnée factuelle. C’est ainsi que si un manager est convaincu que ça ne sert à rien d’anticiper puisque le monde bouge en permanence et que les directives de sa société évoluent sans cesse, il ne va voir que les événements qui vont corroborer sa vision et il va adopter des comportements anti-anticipation ! Et il va se persuader qu’il a bien raison !
Cette croyance peut se traduire par des postures trop rigides basées sur des perceptions qui ne sont pas les bonnes. Le manager peut refuser alors d’envisager des alternatives ou ignorer des éléments qui auraient pu être aidants.
La réponse est bien sûr dans la nuance sachant nous ne pouvons pas agir sur tout notre environnement.
Stephen COVEY, dans son ouvrage « les 7 habitudes des gens très efficaces », précise qu’il faut se centrer au maximum sur ses zones de contrôle et d’influence. Concrètement, il s’agit d’anticiper au maximum sur ce qui dépend de soi. Le manager peut déjà adopter une ouverture d’esprit et se remettre en question pour mettre en place une confrontation d’idée avec son écosystème et notamment les membres de son équipe, ce qui va lui offrir des options supplémentaires. Il peut ainsi faire évoluer l’organisation de son équipe, mettre en place de nouveaux rituels individuels ou collectifs ou encore choisir des façons de communiquer qui soient plus efficientes pour son équipe. Il peut aussi prévoir ce qui peut dysfonctionner en faisant un exercice « pré-mortem ». Cette approche permet d’anticiper en réfléchissant en amont aux solutions à envisager en prenant en compte un maximum d’impondérables. C’est très rassurant pour les collaborateurs qui se sentent « parés » à tout !
Pour anticiper et prendre des décisions concrètes, les managers peuvent s’aider d’outils de management qui, même s’ils sont connus, restent bien utiles.
Parmi les plus courantes, l’analyse SWOT (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) est un outil aussi connu qu’utile pour poser un diagnostic clair sur la situation actuelle d’une organisation, d’un secteur ou d’un projet. Cet exercice gagne à être collaboratif et va aider à identifier les leviers d’action tout en anticipant les risques mais aussi en visualisant les opportunités.
La mise en place de plans d’actions détaillés peut aussi être une réponse pour organiser les étapes à suivre, assigner les responsabilités et définir des objectifs clairs et mesurables surtout quand le futur est incertain. Ces plans vont découper des projets complexes en tâches concrètes. Cela permet une organisation proactive des priorités et facilite la gestion immédiate des ressources.
A défaut d’anticiper, les managers visualisent les défis et les actions à venir, structurent leur pensée de manière logique, et réduisent les incertitudes dans les décisions qu’ils prennent au quotidien. Cette dynamique demande de l’énergie mais est indispensable pour réussir.
En synthèse, anticiper est un véritable enjeu pour être innovant, pour réussir et minimiser les crises. Et en même temps, il faut accepter de ne pas pouvoir tout prévoir car le contexte est changeant. Chaque manager a intérêt à créer cet ADN au sein de son équipe. Les solutions seront alors trouvées au fil de l’eau quand les problèmes surviendront…
Acceptons tous de nous habiller en marchant, voir en courant parfois ! C’est une des clés du bien-être !