Nous sommes passés d’un monde VUCA à un monde BANI… qu’est ce que tout cela implique ? Et comment les managers peuvent s’adapter au quotidien ?
Pourquoi parler dans le titre de cet article de chaos ? Et bien tout simplement pour qualifier de façon précise ce que représente la période dans laquelle nous sommes entrés. Le chaos est parfois opposé à l’ordre ; mais le chaos n’est pas le désordre, c’est l’inconnu et la confusion. Nous sommes entrés de plein pied dans une période sans doute longue d’incertitudes. Elle va nécessiter – de la part des managers et de leurs collaborateurs – de grandes capacités d’agilité et d’adaptation non pas ponctuelles mais permanentes.
Depuis de nombreuses années déjà on décrivait le monde avec le qualificatif VUCA. Ce modèle une fois traduit de l‘anglais au français permet d’avoir une grille de lecture sur le caractère Volatile, Incertain, Complexe et Ambigüe du contexte. Ce modèle s’appliquait au monde pris dans son ensemble. Le terme est apparu dans les années 80 pour décrire la situation géopolitique. Le modèle VUCA permettait aussi la lecture de l’écosystème économique en particulier.
Tout modèle a un début et une fin. La répétition de façon accélérée des « crises » ces derniers mois – sanitaire, énergétique, environnementale, géopolitique … – et leur impact au niveau global marque une accélération fulgurante par rapport à ce qui était déjà en jeu avec le modèle VUCA. Jamaïs Cascio, un auteur et futuriste californien, propose une nouvelle grille de lecture. En effet, pour caractériser le nouveau monde il utilise l’acronyme BANI :
Les acronymes type VUCA et BANI ont comme vertu de proposer des grilles de lecture pour décoder et comprendre le monde en constant mouvement dans lequel nous vivons. Dernière les constats proposés par le BANI se dessinent de nouveaux enjeux et de nouveaux fonctionnements à adopter.
Le besoin de changer ou en tout cas d’évoluer n’est pas nouveau. Bouddha le disait déjà il y a quelques milliers d’années : « il n’y a rien de constant si ce n’est le changement ». Ce qui est nouveau c’est la nature et la répétition des changements et leur impact global. Rien ni personne n’est à l’écart du phénomène. Et le monde du travail est bien-sûr aussi impacté. Qui a aujourd’hui la garantie que son entreprise, son marché, son business model sont pérennes ? que son mode de fonctionnement est adapté dans la durée ?
Le contexte des entreprises est de plus en plus difficile à anticiper et donne l’impression d’une accélération fulgurante des évènements. La mise en place du télétravail s’est faite par exemple en très peu de temps et le travail à distance qui était inexistant dans la plupart des entreprises est en quelques mois devenu une réalité. Les nouveaux modes de travail hybrides sont devenus une évidence pour beaucoup. Le confinement a aussi marqué une aspiration de plus en plus forte de beaucoup de salariés à un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée, et plus globalement à un nouveau rapport au travail. Ces phénomènes induisent de nouvelles organisations et de nouveaux fonctionnements à mettre en place dans les entreprises.
Dans ce contexte où le cadre personnel est instable et où l’environnement professionnel n’offre pas de sécurité, il est normal que les collaborateurs des entreprises soient déstabilisés et traversés par des sentiments d’incompréhensions, d’impuissance, d’anxiété, parfois même de désarroi. Toutes les enquêtes révèlent une montée importante de la tension et du stress.
Face à ces multiples facteurs, il existe 2 tentations inadaptées : La première est de se réfugier dans des certitudes et des habitudes. La seconde est de chercher par l’analyse à anticiper ce qui va se passer. Dans un monde BANI ces deux tentations sont évidemment inefficaces.
Ce contexte imprévisible induit la nécessité de faire émerger de nouvelles formes de leadership pour les dirigeants et les managers. Il est important de comprendre qu’il ne s’agit pas de révolution dans les pratiques managériales. Il s’agit de postures déjà clés qui deviennent incontournables pour s’adapter, favoriser l’engagement des équipes et au bout du compte garder son équipe performante.
Ces clés managériales sont au nombre de trois : la posture du manager, la qualité de la relation dans l’équipe, et le fonctionnement collaboratif.
Pour accompagner et rassurer ses équipes dans le contexte actuel, un manager doit challenger sa façon d’occuper ses rôles de pilote, de leader et de coach.
La posture de pilote reste importante pour fixer un cadre de travail commun, le partager et le faire appliquer. Mais le cadre est bien évidemment challengé de façon forte par le contexte. Il est donc nécessaire pour un manager de développer sa souplesse et son adaptabilité pour challenger et faire évoluer le cadre de travail de façon pragmatique dès que nécessaire.
Pour faire adhérer ses collaborateurs à ces évolutions nécessaires mais potentiellement sources d’interrogations et d’inquiétudes (le cadre est rassurant), les managers doivent développer leur rôle de leader. Ils devront donner du sens aux changements à venir et pour entraîner son équipe avec lui.
Enfin pour accompagner les équipes de façon efficace, le rôle de coach du manager est essentiel pour développer sa proximité avec son équipe et aider chaque collaborateur de façon individualisée à s’adapter à la situation.
Dans ce monde BANI et face à l’imprévisibilité de la situation, les équipes gagnantes seront celles qui savent se parler de façon authentique. C’est la condition pour détecter et traiter les angoisses individuelles, pour s’entraider, pour trouver collectivement des solutions. Il est prouvé que la compétence clé des équipes performantes est en premier lieu de savoir se dire les choses. La bonne nouvelle c’est que ça s’apprend.
Cette qualité relationnelle commence par le manager qui a tout à gagner à développer son empathie. Cela lui permettre de savoir où en est chacun des membres de son équipe. Sa transparence pour partager la situation avec ses équipes ou la pertinence de ses feedbacks pour dire de façon authentique ce qui va et ce qui ne va pas seront des postures importantes à intégrer. C’est parce que le manager sera modélisant de ce savoir être gagnant qu’en reflet les membres de son équipe pourront développer les mêmes qualités. Les collaborateurs pourront s’adapter ensemble aux situations.
Face à une situation fragile et chaotique l’homme providentiel ou l’idée magique n’existent pas. Bienvenue dans le monde du collaboratif et de l’intelligence collective ! Ce sont les nouvelles clés pour trouver ensemble des solutions en prenant en compte l’intelligence situationnelle de chacun. Cela nécessite une nouvelle forme de leadership du manager. Non plus basé sur ses idées, le leadership est fondé sur sa capacité à susciter les idées et initiatives de chacun. Et également sur la capacité à poser un cadre de travail permettant le collaboratif.
Cela nécessite aussi de mettre en place des règles et un fonctionnement permettant l’expression des idées et les échanges.
Mettre en place ces trois clés nécessite aussi et en premier lieu pour chaque manager de travailler sur soi. Le manager doit se préparer à challenger ses habitudes, ses pratiques, sa vision du management, son besoin de contrôle et ses croyances sur sa place et son rôle. C’est en accompagnant chaque manager dans un travail sur soi comme levier de transformation que les entreprises réussiront à mettre en place un climat serein. Ainsi seront mis en place de nouveaux fonctionnements gages d’engagement, d’adaptation et de performance.
Nous vous proposons une série de podcasts pour mieux se connaitre et développer la connaissance de soi