Dans le monde professionnel actuel, tout va plus vite, et chacun est de plus en plus sollicité.
L’avènement du numérique n’arrange rien ; cela rend chacun joignable facilement aux yeux des autres, et cela induit donc des comportements court-termistes. Conséquence, tout et tous (la hiérarchie, les collaborateurs, les clients, les collègues) poussent à travailler dans l’urgence : … on est en permanence dans le règne du réactif, car les demandes s’accumulent et les délais se réduisent.
Cela a pour conséquence des sentiments négatifs (frustration, angoisse, stress) concernant en vrac la qualité du travail, la maîtrise des processus, le risque d’oublier quelque chose, le respect les délais, la maitrise de son temps, le respect de ses équilibres de vie …
Face à ce tableau, il est facile d’imaginer que les qualités attendues d’un manager sont la capacité à travailler rapidement et efficacement, dans l’urgence avec une bonne résistance au stress, en sachant bien gérer ses priorités.
Appelé « slow management », cette qualité qui fera sans aucun doute la réussite des managers de demain peut-être illustrée par un phénomène physiologique qui est rappelé dans les stages de récupération de points de permis de conduire : plus on accélère en voiture, plus le champ de vision se réduit pour se focaliser sur la route ; on se met alors en danger car on a de moins en moins de capacité à voir ce qu’il se passe sur les côtés.
Cette histoire peut être directement appliquée au management : plus on est dans l’urgence, plus on est dans le réactif, plus on se concentre sur la production, sur les tâches à accomplir, et plus notre champ de vision managérial se restreint par rapport à tout ce qui se passe dans la périphérie du travail en lui-même : ambiance de travail, satisfaction de l’environnement (clients, collègues, hiérarchie, collaborateurs), efficacité des modes de fonctionnement et de l’organisation, analyse des processus, … Les sujets sont nombreux qui sont importants mais rarement urgents et que l’on va négliger, remettre à plus tard … jusqu’à ce qu’à force de tirer sur la corde, l’urgence s’impose.
Or à côté de son rôle opérationnel (mener les hommes et réaliser des tâches), un manager à un rôle d’analyse pour pouvoir anticiper les difficultés, adapter l’organisation et le fonctionnement, alerter sa hiérarchie et être force de proposition.
Au-delà de sa capacité à « délivrer », ce rôle est clé pour un manager. C’est sur cela que l’on jugera réellement sa capacité managériale, et c’est ce qui incitera l’organisation à le faire progresser (qui se risquerait à proposer plus de responsabilité à quelqu’un qui est déjà sous l’eau dans son poste actuel !).
Il n’y a pas de recette miracle, et c’est à chacun de trouver la solution qui lui conviendra le mieux.
Parmi les pistes que nous développons dans nos stages de management :
Instituez des temps de prise de hauteur dans les réunions d’équipe, pour détecter des problèmes, et pour trouver des solutions.
Et vrai signe de confiance autant que vrai gain de temps : créez un état d’esprit propice à la prise d’initiative, faites en sorte que les problèmes opérationnels soient réglés par vos équipes sans que vous n’ayez besoin d’y consacrer plus de temps que (si besoin) la validation finale.
Tout nous pousse à être dans le réactif… mais les managers qui réussissent sont ceux qui résistent à cette tendance et qui sont dans l’anticipatif.
Didier Duffaut