En ce début d’année 2021, la pandémie est toujours agressive, le couvre-feu est la norme au niveau national, la situation générale tant économique, sanitaire que sociale est incertaine. Le télétravail se poursuit et cela de façon plus ou moins voulue par les collaborateurs, les managers et les organisations.
Les accords télétravail sont en cours de mise en place. La Ministre du Travail, Muriel Pénicaud, estime à 60 % le taux de métiers éligibles au télétravail en France.
Une enquête menée en Mai 2020 mettait en évidence que :
Présentiel, télétravail ou modalités mixtes, comment gérer cette nouvelle norme ? La situation a changé depuis le déconfinement du mois de Mai 2020. De nombreux collaborateurs, managers que nous accompagnons réclament haut et fort de retourner, au moins 1 jour par semaine, sur site pour avoir de nouveau des interactions sociales « physiques ». Les échanges par écran interposé ont leurs limites.
Dans ce contexte, comment le manager va-t-il animer son équipe alors que certains sont sur site et d’autres à distance ? Et comment tenir sur la durée ? Voici les 4 idées clés pour adapter vos pratiques managériales à ce nouveau quotidien.
Pour diminuer la sensation d’isolement propre à chacun, le manager doit encore plus mettre de l’humain au cœur du télétravail. Être dans l’écoute individuelle pour analyser le contexte, la situation personnelle de ses collaborateurs, leurs contraintes et leurs motivations. Bref, gérer les singularités de chaque personne de l’équipe.
De nombreuses émotions sont présentes aujourd’hui : la peur liée à cette situation particulière, la colère de ne pas pouvoir retourner au bureau, aller au restaurant ou bouger quand on veut. Le manager va s’adapter à chaque situation individuelle en pratiquant le « Care Management » – c’est à dire prendre soin – en posture de coach, ce qui ne veut pas dire faire « l’assitant.e social.e ».
Être coach, c’est aussi envoyer du feedback bienveillant et constructif pour améliorer les compétences de chacun et contribuer à sa motivation. Rien de pire que de ne pas savoir où on en est surtout quand on est éloigné du reste de l’équipe.
Pour réussir à se projeter alors que tout est incertain, les collaborateurs ont besoin de partager sur les enjeux actuels de l’équipe, sur leurs rôles et missions adaptées à la période.
Le manager a tout intérêt à développer le collaboratif, l’entraide et le partage pour susciter de l’intelligence collective autour du projet commun. Ces interactions entre collaborateurs favorisent également l’engagement de chacun.
Il peut aussi réfléchir avec ses collaborateurs aux meilleures façons d’ajuster le cadre de travail, leur permettre d’optimiser entre eux le fonctionnement en mode projet entre les temps en distanciel et les temps au bureau. Plus les solutions viendront des collaborateurs eux-mêmes, plus l’adhésion sera grande.
Enfin, il doit accepter de laisser plus de place à ses collaborateurs afin qu’ils s’auto-gèrent davantage et gagnent en autonomie.
Pour permettre aux collaborateurs de développer leur autonomie et de s’organiser de la meilleure manière dans le mixte présentiel/distanciel, une clé est de clarifier avec chacun les objectifs attendus. Ainsi le suivi de la performance va s’effectuer en fonction des succès et de l’atteinte des objectifs. Dans l’échange, le manager abordera également les moyens pour y arriver, afin de vérifier les besoins du collaborateur, et si l’énergie dépensée est en cohérence avec les résultats. Nous préférons l’efficience à l’efficacité.
La priorité des projets change régulièrement, notamment dans cette période d’incertitudes. Certains s’arrêtent alors qu’ils étaient « prioritaires », puis reviennent en urgence. D’autres sont décalés, de nouveaux apparaissent. Il peut être difficile de définir quelles sont les nouvelles priorités, surtout si l’équipe se trouve « la tête dans le guidon ».
Il est donc important que le manager avec l’équipe fasse le point régulièrement sur les différentes prioritésafin de permettre à chacun de rester sur les « bons » rails. Et également de donner du sens à l’activité pour permettre que le changement de priorité soit d’autant mieux accepté.
Si le management se fait par objectif, il va être assez simple de mesurer le décalage entre ce qui est attendu et ce qui est réalisé. Le collaborateur saura par rapport à la période et à son environnement quelles sont ses possibilités. Le manager pourra définir avec les collaborateurs leurs objectifs.
Rares sont les collaborateurs qui annoncent des objectifs en deçà de ce que le manager a prévu. En particulier à distance, plus les objectifs sont bien définis et partagés, plus les collaborateurs vont être en mesure de se réajuster eux-mêmes.
Il est intéressant de voir à quel point les managers « oublient » de s’occuper d’eux. Comme si les managers avaient des cerveaux et des sentiments différents des autres dès lors qu’ils accèdent à cette fonction.
Pour s’occuper de soi, il est important d’avoir la capacité d’accueillir les différentes émotions par lesquelles on passe tout comme ses collaborateurs. Reconnaitre ses émotions, savoir quels sont ses stresseurs, savoir à quoi on est particulièrement sensible en ce moment est une compétence clé pour tenir le cap sur la longueur.
Il est essentiel d’être à l’écoute de ses besoins pour être aussi à l’écoute de ceux de ses collaborateurs. Et trouver les ressources pour les satisfaire.
Il faut donc que le manager prenne du temps pour lui, pour mieux se connaître et ainsi mieux gérer les situations anxiogènes.
S’il sait s’occuper de lui, le manager sera en mesure de s’occuper de ses collaborateurs en étant dans le « care management », qui est aussi valable pour lui. Il pourra ainsi s’appuyer sur ses points forts et être vigilant sur ses zones « sensibles ».
En synthèse, pour garder le cap dans la tempête et sur la durée en mode distanciel ou hybride, le manager polymorphe© a tout intérêt en premier lieu à prendre soin de lui, à avoir des indicateurs partagés pour piloter dans le brouillard, à adopter la juste posture du manager coach et enfin à s’exprimer en leader.
Marie-Paule Le Gall
* Etude de perception CSA pour Malakoff Humanis, réalisée auprès d’un échantillon représentatif de 1010 salariés d’entreprises du secteur privé d’au moins 10 salariés – Recueil par internet, du 4 au 7 mai 2020.