Quand il est temps de parler de considération… Une anecdote récente sur le cas d’un collaborateur mal managé est l’occasion pour Valérie Bernardout d’illustrer combien il est vital pour un manager de prendre du temps pour assurer la motivation plutôt que de se laisser déborder et risquer en quelques minutes de démotiver toute une équipe. Il était une fois l’histoire de Pierre, 59 ans, cadre en fin de carrière.
Voici une histoire qui me semble parfaitement éclairer les finesses de timing de la motivation et de la démotivation.
Pierre, 59 ans travaille dans un important laboratoire pharmaceutique. Après avoir été patron de différents pays pendant 30 ans, il a rejoint le siège en France à un poste opérationnel pour 3 ans. Il est à la fin de sa mission, tout ce qui devait être mis en place l’a été, l’activité fonctionne très bien. Son futur remplaçant est déjà là. Pierre souhaite pouvoir continuer à contribuer à la performance de l’entreprise. Rien pour l’instant ne lui est proposé. Pierre est quelqu’un de très motivé, très professionnel. Il est reconnu pour son travail, son expertise, son sens du relationnel et son implication. Une collègue qui va partir en congé maternité lui propose de la remplacer pour ses mois d’arrêt. Pierre est ravi. Il a des échanges en lien avec ce poste avec la future maman, ainsi qu’avec ses responsables. Au retour d’un week-end, Pierre apprend par la news letter du laboratoire que la jeune maman sera remplacée par M…
Pierre n’a eu aucune communication orale ou écrite de sa hiérarchie pour le prévenir qu’il ne sera pas choisi. Que raconte cette histoire sinon qu’il est beaucoup plus rapide de démotiver une personne que de la motiver ?
Pourtant je suis certaine que les managers de Pierre sont plein de bonnes intentions. Ils sont probablement débordés de travail, en manque cruel de temps. Néanmoins ce ne doit pas être un prétexte pour que ces managers ne prennent pas le temps de faire leur travail de management. C’est à dire écouter, prendre en compte, être dans l’attention, informer, expliquer. Car comment le collaborateur peut-il ignorer ce manque de considération ? Comment rester motivé lorsque, comme Pierre on doit faire face à cette absence de communication ? Comment ne pas se sentir ignoré, invisible et inutile après un tel manque d’attention ? D’autant plus pour une personne arrivant à un âge où l’on a vite fait d’être catalogué. Combien de fois ai-je entendu, « à son âge c’est difficile de lui en demander plus ». Ah bon ?! La motivation n’est pas plus une question d’âge, que de sexe ou tout autre préjugé. C’est la question des moyens d’entretenir cette motivation de part et d’autre.
Bien entendu, cette histoire vient s’empiler avec d’autres « petites » histoires parlant de manque de communication ou d’attention. Ça n’est « pas grand-chose » pour les responsables et c’est « tellement » pour la personne qui le vit.
Le temps n’est pas élastique, une journée fait 24 heures, dans lesquelles nous avons à organiser nos activités professionnelles et personnelles en décidant de nos priorités.
Pour le manager, une des priorités est de maintenir son équipe unie autour d’un même objectif, en ayant du plaisir à travailler ensemble, en se sentant utile à la communauté et au projet d’entreprise. C’est à ces conditions que l’équipe sera performante. Quand chacun connait sa place et a le sentiment d’appartenir au projet, avec une mission claire. Si ce n’est pas le cas, c’est au manager de travailler avec la personne pour construire un projet, y compris en « fin de carrière », un projet qui convienne à tous et à chacun. Dans le cas de Pierre, il n’y a pas eu d’entretien de motivation pour prendre en compte ses souhaits, ou simplement pour savoir comment il se projette pour les années qu’il lui reste à travailler.
Dans nos accompagnements nous entendons tellement de managers dire « nous n’avons pas le temps ». Ce à quoi nous répondons « prenez le temps ! ». Qu’est-ce que 5 ou 10 minutes investies dans la motivation d’une équipe ou d’une personne au regard des dégâts liés à la démotivation ?
Le rôle d’un manager est d’être en soutien de ses collaborateurs. Ce rôle demande de trouver l’équilibre entre la présence et le retrait pour emmener les personnes vers plus d’autonomie tout en faisant attention de ne pas « oublier » le collaborateur. On peut facilement glisser de l’autonomie à l’isolement , et de l’isolement à la mise à l’écart.
Un manager doit développer un regard à 360°, observer, décrypter et prendre en compte ce qu’il constate. Et avoir de l’attention pour les uns et les autres pour les accompagner.
Plus qu’une question de temps, c’est une question d’attention et d’intérêt pour l’autre, en pleine conscience de l’impact positif ou négatif que sa posture aura sur ses collaborateurs.
Pour réussir ce challenge, un manager doit sans cesse avoir à cœur de s’enrichir de techniques et de pratiques pour communiquer avec authenticité et avoir la posture adéquate et attendue. Les pratiques relationnelles qui permettent de renforcer la crédibilité du manager tout en renforçant l’engagement des collaborateurs. ne sont pas innées, mais fort heureusement elles s’acquièrent. Nous sommes heureux d’apporter cette aide dans nos accompagnements et de participer ainsi à plus de bien-être au travail, plus de bienveillance et plus de performance.
Valérie Bernardout